23 mars 2015

Sesshu, un éternel voyageur


Parlant de la peinture Léonard de Vinci affirmait que « la peinture était une poésie qui se voit » revendiquant par là-même des affinités profondes avec la poésie.

Ainsi tout artiste poursuit une quête singulière du visible à l’invisible… notre lecture des œuvres reconnues à travers l’histoire des arts, parfois consacrées comme des chefs-d’œuvre universels est en partie subjective mais ‘apprendre à voir’, apprendre à sentir la dimension d’absolu qui frémit dans un poème ou une œuvre d’art si petite soit-elle, n’est jamais fini au cours d’une vie humaine.

Ainsi sommes-nous durablement habités par la fréquentation de certaines œuvres !
Mais que dire d’une peinture qui mesure près de 17mètres de long sur 42centimètres de large, un ruban magique qui se déroule sous nos yeux...
Devant cet exploit notre fascination n’est jamais tarie malgré le passage du temps !
Le célèbre « Grand rouleau de Sesshu » unanimement admiré au Japon est un trésor national un « Paysage hivernal » toujours renouvelé offert à notre regard depuis des siècles.

Peintre, Sesshu se considérait aussi poète et « un jardinier-paysagiste »
Adepte du bouddhisme Zen, il ne vivait pas comme un ermite mais comme un voyageur passionné célèbre pour sa longue expédition en Chine et ses parcours incessants au Japon pendant les 86ans de sa vie…
Grand admirateur de l’art chinois, il privilégia le regard qu’il portait sur la Nature qui lui était familière tout en s’appuyant sur la Tradition picturale.

Selon ses dires, ses maîtres n’ont pas été des hommes mais des montagnes et des rivières, montagnes le plus souvent au loin, cette brume de poésie où notre regard se perd dans une étrange résonnance…
Alors nous dit-il :

« La neige et le ciel me donnent le vide, le blanc de la feuille. Arbres et maisons y tracent des lignes sombres des dessins. Que ma main soit docile à cette nature hivernale, elle parlera à travers moi ».

Une des clefs du mystère de cette œuvre universelle réside ainsi dans l’abolition de la distance entre la Nature et l’œuvre, cette communion de plus en plus prégnante avec des paysages apprivoisés _à travers ses nombreuses pérégrinations_ dans une contemplation devenue pour nous objet de méditation et de rêverie au contact de la nature.
Michèle Serre



Pierre Sentenac  "Esprit de Sesshu" - 65X50cm

Variation VI _ Technique mixte/Canson _ 09/02/2012