18 mai 2013

Rencontre avec St Exupéry II


Dans « Terre des Hommes » j’ai d’abord été frappée par la poésie qui se dégageait des mots. Il me semblait découvrir un langage neuf et il m’arrivait souvent de dire à haute voix certains passages pour mieux en ressentir l’harmonie secrète. Et puis ce n’était pas de la littérature ‘facile’ : pour la première fois sans doute, je sentais qu’il y avait dans l’homme des ressources insoupçonnées !
Oui je crois que St Exupéry m’a révélé la véritable noblesse humaine. Rien à voir avec la grandeur, mais plutôt une générosité dans sa plénitude. Alors l’ennui (dont on parlait tant dans les romans) n’existait plus. La réalité n’était pas uniquement sordide ou monotone, il y avait un moyen de se sauver de la médiocrité !

Tel était mon état d’âme lorsque je découvris « Terre des Hommes ».
J’y appris aussi à élargir mon esprit et mon cœur :
Ainsi le vieil anarchiste espagnol ou le vieux paysan provençal devenaient proches de moi. Je savais déjà que ‘l’écorce’ n’était pas la chose la plus importante, j’en reçus une confirmation éclatante et à partir de ce jour-là, j’ai voulu rester fidèle à mes racines paysannes. Seule compte pour moi la vérité des personnages et l’amitié des gens simples me touche bien davantage que le respect des grands personnages.

Mais c’est surtout un passage qui faisait frémir de je ne sais quelle attente secrète l’adolescente qui rêvait.
Les gazelles ! « elles veulent devenir gazelles et danser leur danse… la nostalgie c’est le désir d’on ne sait quoi… il existe l’objet du désir, mais il n’est point de mots pour le dire »

Moi aussi, j’essayais de franchir le portail du collège mais c’était en pensée et cet appel mystérieux, ce désir inconnu, voici qu’ils bougeaient en moi d’une poignante présence !

Plus tard, je n’ai pas cherché dans ce livre le goût de l’aventure mais bien plutôt le goût austère de la nécessité des contraintes. C’est ainsi que la valeur de mon métier s’imposa à moi et la ferveur du pilote à la veille de son baptême professionnel m’aidait curieusement à accepter le renoncement aux plaisirs faciles. J’étais ‘un jardinier ‘ pour les enfants des hommes. Est-ce que je saurai reconnaître la rose et la cultiver avec soin et l’essentiel n’est-il pas de réveiller en chacun ce petit inconnu qui sommeille en lui ?

M.S


Pierre Sentenac tech. mixte/Arche20X12,5cm

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