21 décembre 2012

Conte royal (de Noël)


Ce fut au temps où les sources parlaient, où les arbres marchaient dans les forêts solitaires. Lors, le fils d’un homme riche, parti depuis quelques années à la découverte d’une fleur dont la beauté surpassait la lumière du jour, abandonna la maison de son enfance. Comme son père autrefois, il rêvait d’une fleur unique qui transformerait sa vie et éclairerait son destin…

Quelques jours auparavant, un vagabond avait tapé à sa porte et lui avait donné une boîte léguée par son père peu avant sa mort et qui renfermait le secret de la fleur. Mais il lui était défendu d’ouvrir la boîte sous aucun prétexte jusqu’à ce que les mains d’une belle jeune fille lui offrent cette fleur merveilleuse.
Muni de cette recommandation et de la promesse qui lui fut faite, il traversa landes et forêts, pays dévastés par la guerre et la famine, échappa de justesse à des épidémies, risqua sa vie plus d’une fois pour préserver son trésor scellé dans un sac toujours à sa portée.
Un jour que les épreuves se multipliaient sur sa route, affamé, fiévreux et désespéré, il n’y tint plus, ouvrit la boîte et jeta un regard rapide à son contenu !
Soudain, il aperçut dans un éclair le reflet d’une eau profonde où gisait une fleur magnifique qui, tel un nénuphar, déployait ses pétales sous une lumière radieuse ! Ivre de bonheur, il se pencha pour la contempler mais une main sévère le gifla violemment et la vision de la fleur disparut aussitôt…

Déçu et malheureux, il voulut surprendre l’indélicat personnage qui avait mis fin si brutalement à l’apparition. Mais il était invisible, si tant est qu’il eût jamais existé !
Pourtant, lorsqu’il scruta le chemin qu’il voulait emprunter, il aperçut deux mains qui, telles des lampes allumées, balisaient sa route tandis que la boîte semblait voler devant lui dans la forêt impénétrable…

Après de longues heures de marche, il s’endormit, exténué, au pied de l’arbre plantureux qui le couvrait de son ombre. Il rêva toute la nuit de la boîte magique et le chant mélodieux d’un oiseau le réveilla à l’aube. Il eut peur d’avoir perdu le précieux butin mais la boîte magique était toujours là, dans le sac, à portée de ses mains !
Malgré l’interdiction, il l’ouvrit une deuxième fois: l’image de la fleur avait définitivement disparu laissant la place à une feuille d’arbre pliée en quatre où s’inscrivaient d’une belle écriture ces mots mystérieux :

_ « Sur le chemin des hêtres et tout au bout, tu rencontreras une belle jeune fille nommée Blanche-Fleur. Elle est assise près d’un puits. Elle te donnera à boire. »

C’est ainsi qu’en suivant le chemin des hêtres, il arriva près d’un puits et découvrit la belle demoiselle dont le sourire enchanteur l’accueillit :

_ « Je t’attends depuis toujours. Approche-toi, aie confiance, je te donnerai à boire. »

Elle recueillit dans ses mains une eau divinement parfumée et il se pencha vers elle et but pendant de longs instants ce breuvage délicieux. Et tandis qu’il tentait d’étancher sa soif, une autre soif plus profonde grandit en lui…

C’est alors que dans le reflet de l’eau, le jeune homme découvrit une fleur magnifique dont la vision le plongea dans le ravissement…

Avec une stupeur émerveillée, il regarda longuement la jeune fille

Elle tenait dans ses fines mains une fleur d’une blancheur incomparable.
Il n’avait jamais rien vu de si beau et tomba en extase sous l’effet de l’Apparition…

Revenant à la réalité, il voulut s’assurer que la boîte était toujours enfermée dans le sac. Comme par enchantement, la fleur avait quitté les mains de la jeune fille pour habiter son visage.

Et la vision céleste qu’il eut le récompensa au centuple de toutes les misères et souffrances qui avaient jalonné son chemin.

Michèle Serre 


Pierre Sentenac dessin ordinateur Conte Royal





 Livre:

"Contes d'hier & d'aujourd'hui" de Michèle Serre
illutrations de Pierre Sentenac
                                            est disponible aux Editions Le Bien-Vivre:  lbvmps@outlook.fr 
                                   ( Livres d’artiste de Collection, cousu main, couverture Moulin Laroque,
                                   papier moulin ou vergé: tirages 100 exemplaires numérotés, prix: 15Euros)



   

4 décembre 2012

"La rencontre nous crée"


Les festivals sont souvent un lieu privilégié de rencontres autour d’une passion commune, en l’occurrence la poésie. Il y a quelques années, je l’ai rencontré pour la première fois au festival de Lodève « Les Voix de la Méditerranée ».

Chanteur-poète, sa guitare en bandoulière, Guilhem Gottardi revenait du pays de René Guy Cadou, avait visité la maison de ce poète mort dans la fleur de l’âge dont le talent continue à faire rêver tant de générations de poètes. Un lien mystérieux s’est établi entre nous et l’histoire n’est pas finie… Je l’ai retrouvé quelques années après au festival de poésie de Sète « Voix Vives » et nos échanges se sont approfondis autour de René Guy Cadou de Marie Noël et des poètes que nous aimons !

Aujourd’hui nous avons envie de partager sur le blog son itinéraire, un chemin de lumière qui transcende sa foi en la création.
S’adressant au peuple du Canada au cours d’une conférence, Martin Luther King racontait :

« Dès l’aube de notre combat pour la liberté, le Canada a été l’étoile polaire. L’esclave noir, privé d’éducation, déshumanisé… savait qu’il y avait un pays où le fugitif, s’il réussissait à survivre à l’horreur du voyage, pouvait trouver la liberté. » le mot ciel désignait le Canada !

Pierre Sentenac  "dernière simplicité" gravure/bois 15/15

Un negro spirituals : « Follow the Drinking gourd » (Suis le chemin de la calebasse…) contenait sous le camouflage des vers des indications destinées à l’évasion.
La calebasse était la grande ourse et l’étoile polaire vers laquelle elle pointait, dessinait la carte céleste qui dirigeait les pas du fugitif jusqu’au Canada.

Certes il ne s’agit pas pour Guilhem Gottardi de sauver sa vie mais sans doute dans un monde matérialiste et consumériste, de trouver dans la poésie et la chanson « un ciel » symbolisant pour lui un rêve d’amour et de liberté qu’il a envie de partager avec nous.
Mais faisons quelques pas avec lui :

« Né le 2 octobre 1978 à Montauban (Tarn et Garonne)
Enfance simple, fondée sur des valeurs laïques (parents enseignants) et proches de la nature (week-end en bord de Garonne). Un grand frère (1970) et une grande soeur (1974), je suis le benjamin.

Découverte de la chanson et de la poésie :
_ dans l'enfance: essentiellement Jacques Brel par mon père (réveil tous les dimanche matin avec ses chansons :
La parlote, Jef, Au suivant, La fanette...).
_ collège, lycée : très mauvais souvenir des cours de Français.
Très timide, l'idée de devoir écrire quelque chose en un temps limité me glaçait.
Aucune lecture marquante (presque un rejet), je me suis dirigé vers des études scientifiques.
_ faculté: études de mathématiques à l'université Paul Sabatier (Rangueil) à Toulouse.
C'est là qu'en dehors des cours j'ai découvert mon goût pour la poésie et les chansons.
En poésie, pour l'essentiel: Francis Jammes, Marie Noël, Pierre Reverdy, René Guy Cadou.
En chanson: je m'intéresse à tout ce qui touche à la « poésie chantée » :
des plus connus (Georges Brassens, Léo Ferré, Gilles Vigneault, Félix Leclerc, Guy Béart, Barbara, Anne Sylvestre, Catherine Sauvage...)
au moins connus (Philippe Forcioli, Jacques Bertin, Pierre Delorme, Giani esposito, Jean Vasca, Pierre Louki, Gilbert Lafaille, Bernard Haillant, Allain Leprest...).

Rencontre avec Philippe Forcioli: le 1er août 2003, je fais la connaissance du chanteur (que j'écoutais et admirais déjà depuis plusieurs années) à Vilar en val (Aude, un peu au dessus de Limoux) sur un « sentier en poésie » qu'il a créé en hommage à l'écrivain Joseph Delteil (Vilar en Val est son lieu de naissance).
Nous sympathisons, je lui dis mon admiration pour ses chansons dont il me donne les accords à la guitare et m'incite à écrire les miennes.
Depuis il n'a cessé de me garder bien généreusement sous son aile. http://sitephilippeforcioli.free.fr/
Et je partage mon temps entre l'enseignement (je suis « instituteur » ou « professeur des écoles » pour de très jeunes enfants en « maternelle ») et les chansons
.
J'ai composé mes premières chansons en 2004 sur des poèmes de Francis Jammes extraits « De l'angélus de l'aube à l'Angélus du soir ».
J'ai commencé à écrire mes « propres » chansons (paroles et musiques) en 2005 et n'ai pas cessé depuis.
Je continue tout de même à mettre « en musique » les poètes que j'aime au gré des coups de coeur (après Francis Jammes, il y a eu par exemple Paul Verlaine, Germain Nouveau et Pierre Gamarra).

Je revois fréquemment Philippe Forcioli en participant à des balades avec son association « A Pied sous le Ciel ». Il me propose de chanter au cours de soirées conviviales et improvisées et m'a fait l'honneur à l'automne 2010 d'enregistrer une de mes chansons sur son dernier disque (« Paroles Célestes » sur le cd « Le mystère demeure »).

Cette année, je travaille régulièrement avec une chanteuse de Montpellier pour un récital que nous donnons « chez l'habitant » ou sur de toutes petites scènes. Il s'intitule « Voeux » et comprend des mises en musique de poèmes que l'on aime ainsi que mes propres chansons.

La chanson « Chanteur pour voir »:
J'ai écrit le texte de cette chanson en avril 2011 sur le massif du Garlaban.
Alors en séjour à Aubagne avec en tête la chanson de Philippe Forcioli qui y a vécu (« Blanc Garlaban ), avec en poche les livres de Pagnol et au coeur un amour blessé et brûlant.
J'avais d'abord intitulé le texte « Se situer » (ou « Ceci tu es ») mais j'ai opté pour « Chanteur pour voir » quelques semaines plus tard en faisant la musique. »

Après ces quelques notes biographiques, il est important de souligner l’admiration de Guilhem Gottardi pour le chanteur-poète Philippe Forcioli, rencontre fraternelle et chaleureuse qui l’a adoubé dans son chemin de création. Ainsi la rencontre nous crée…

M.S



Ecoutons-le dans la chanson: « Chanteur pour voir ».

(en cliquant sur la référence You tube ci-dessous)

 http://www.youtube.com/watch?v=M8guitOfppI




Pour tout commentaire cliquer sur message ci-après: